« Accompagner » un groupe, que l’on soit manager, formatrice, encadrant, facilitatrice, responsable d’équipe, enseignant ou coach, demande de composer avec ce qu’apporte le groupe à une question, une réflexion, un projet, une activité, un exercice, etc., etc.
Parfois il nous faut réagir à ce qui est produit sur le moment. Parfois cela peut se faire après un laps de temps plus ou moins long, entre 2 réunions, 2 temps de travail, 2 cours, 2 séances.
Cet article est un partage d’un moment comme je les aime, qui a eu lieu en formation il y a peu.
Entre acceptation, adaptation et valorisation.
La situation [1/2] :
- Le groupe était divisé en 3 petits groupes
- Même activité, même consigne
- 3 rendus différents
Vous me direz : « Cindy, là, rien d’exceptionnel… »
Et pourtant. La séance de formation se terminait sur cette activité où habituellement tous les groupes avancent pratiquement au même rythme, proposent un rendu qui leur est propre certes, mais chaque groupe est allé jusqu’à la réalisation de la consigne et a rendu un travail abouti.
Ce qui diffère avec le groupe dont je vous parle en premier réside précisément dans le type de différence des rendus.
Alors sur quoi porte cette différence ?
La situation [2/2] :
- En petits groupes, les participantes devaient réaliser une carte mentale à partir d’une consigne simple et précise.
- Sauf qu’à la fin du temps imparti, il n’y a pas eu 3 cartes mentales.
- A la fin du temps imparti, j’ai eu sous mes yeux 3 rendus qui correspondaient en fait à 3 étapes de réflexion et d’analyse du cerveau et 3 étapes du travail d’un groupe.
Si je reformule, un groupe était arrivé à un grand remue-méninges / brainstorming, un autre groupe était arrivé à une ébauche de carte mentale, donc à un remue-méninges qui commençait à être organisé par endroit, et le dernier avait terminé la carte mentale demandée.
Vous pourriez là encore me dire : « Ok Cindy, et alors? »
Et bien c’est que là il faut pouvoir aller au-delà d’une double frustration!
- La frustration pour 2 des petits groupes : ça se voit sur leurs visages « On n’a pas fait le job! » Et ça, ça peut laisser en fin de séance une sensation pas terrible de travail inachevé, de manque de temps ou de mauvaise gestion du temps…
- Et pour moi, la frustration de ne pas pouvoir faire de retours sur l’ensemble des cartes du groupe comme je le fais habituellement. Et donc cela modifie tout mon déroulé!
Sauf que…
Sauf que pendant ce travail, chaque groupe a matérialisé sur le papier le fruit de leurs réflexions. Je me retrouve avec 3 rendus authentiques d’un processus que j’explique habituellement plus tard dans le déroulé de la formation ! Qui plus est, les participantes ont des fonctionnements très différents et qui expliquent, au vu du travail en petits groupes, le fruit de leurs modes de réflexion. Et ça c’était précieux, surtout quand le Module de formation est intitulé « Mener des activités collaboratives et intégrer des outils visuels ».
Donc un moment qui aurait pu paraître bancal mais que je n’ai pas vécu ainsi.
Au contraire, j’ai adoré observer ces dynamiques de groupe couplées à l’exploitation d’un outil visuel.
Donc, vous l’aurez compris, cette frustration n’a pas fait long feu de mon côté. J’ai vu rapidement quand les groupes avançaient que certains n’iraient pas jusqu’au bout. En observant ce qui se passait au sein de chaque petit groupe, je me suis dit que ça allait être très intéressant à analyser.
Donc ma frustration vite dissipée, j’avais en ligne de mire la séance du lendemain, mais pas les participantes…
La fin de la séance était bien là et impossible de grignoter 10 min sur le programme. Donc on accepte de laisser les participantes en mode « FRUSTRATIONNNNNNN ». On accepte ce qui s’est passé lors de cette séance, et on reprend son déroulé du lendemain en repartant des rendus et du vécu de chaque groupe. Ce rebond est essentiel : bousculer son déroulé de la séance et ce que j’avais prévu également plus tard dans la formation. Et ce n’est pas grave, bien au contraire!
Tout le monde n’est pas très à l’aise avec cet aspect de notre travail, et pourtant je trouve que ce sont des aléas qui permettent d’envisager différemment une formation, une activité, etc.
Repartir des apports et de la richesse des travaux des groupes demande une dose d’adaptation et de rebonds que l’on essaye donc des plus gracieux! 😉
En début d’article, je disais que c’était un « moment comme je les aime » en formation, et ce pour différentes raisons :
- parce qu’un groupe, quel qu’il soit, peut nous surprendre de différentes manières, et quand c’est là où on ne s’y attend pas c’est encore plus incroyable (bien évidemment les surprises agréables c’est quand même plus sympa!)
- parce que cela donne une autre perspective sur une activité qui semblait bien rodée,
- et car je me retrouve avec une nouvelle idée d’approche pour mes prochaines formations…
Ingénierie pédagogique et Créativité quand tu nous tiens!!!
Que ce soit « sur le terrain » ou en formation de formateurs et formatrices où nous revenons sur cet aspect de notre métier, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas toutes et tous enthousiastes à ce genre de situation. Pour certaines personnes cela est très anxiogène et pour d’autres c’est un défi qui donne du piquant à cette situation.
Et quand en plus on est en co-animation, il est essentiel de savoir comment son ou sa collègue est susceptible de réagir. Il faut donc en parler et le respecter… Je vous renvoie vers ce que j’avais écrit à ce sujet si cela vous intéresse dans cet article intitulé « Les Co ».
Et vous, comment vous situez-vous ? Et dans le cas d’une co-animation, quelles expériences avez-vous vécues?